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NOUVEAU : LES DESSINS DU DOCTEUR PINGOUIN ICI

vendredi 11 janvier 2013

où crèche la fève ?



Janvier 2011: la galette des rois apportée par mes petits potes était garnie d'une fève-pingouin, le jour où je leur annonçais ma candidature pour DDU.

Janvier 2012: la galette des rois de DDU était garnie d'une fève-pingouin.



Janvier 2013: la galette des rois de DDU était garnie de fèves-crèche.
Bizarre, non? Quel rapport? Le merveilleux hasard  ne joue plus????


Et puis, bien sur, un mail aujourd'hui m'apporte la clé:
la crèche d'une maison amie avait comme sujet latéral ... DDU, avec un petit docteur, un Astrolabe rouge et blanc et des petits pingouins.




Y a pas de hasard,  y a que des gens gentils.

mardi 25 décembre 2012

JOYEUX NOËL

Ce pétrel des neiges ce joint à moi pour vous souhaiter un Joyeux Noël et une bonne année !

vendredi 21 décembre 2012

RAID

Après quelques jours d'errance à Prudhomme, bloqué dans la tempête avec le seul calecon que j'avais sur moi.... je suis de retour à DDU.

Je te raconte pas!
 Si je te raconte? 
Allez je te raconte.

Le raid est un convoi d'engins à chenilles qui transporte matériel et gaz oil de la base cotière de DDU à la station franco italienne de Concordia, sur le continent

Donc Marie Anne (qui travaille à Voiron avec Mélanie, ancienne interne du cabinet), était le médecin du premier raid. Bien sur le raid a pris du retard, et elle ne pouvait pas être rentrée à temps pour le départ de l'Astro, avancé  pour cause de tempête. (quand le vent souffle comme il souffle ici, pas question de larguer les amarres dans l'étroit chenal du Lion)

Il était envisagé de partir en hélico avec Patrice GODON le grand chef, pour que j'aille la relayer. Le vent s'est levé, pas d'hélico possible.  Tryphon Patrice a rapidement fait équiper un attelage rapide (un tracteur de 450 chevaux, 100 litres de gaz oil à l'heure) un GPS un ordi, une remorque avec une caravane de survie en cas de panne, et roule. Il m'a prévenu à 16 heures, à 16h10 nous étions en route.


On est partis vers 17h30, il n'y a pas plus de nuit maintenant,  avec ces p... de phares qui permettent de voir le relief. 10 000 watts de lumière. Il parait qu'un jour ils les ont fait marcher devant l'atelier, et bouté le feu à une veste qui était de l'autre coté de la vitre ...
Quand même, les antibrouillards puissants, ça aide quand la route est mal tracée.
On voit ça.


9ème longue, 17 km/h environ, accroché à la poignée de la porte et valdinguant contre le montant, j'ai passé 6 heures de rêve à me faire des bleus, tout perdu au milieu d'un océan de nuages en l'air et de congères de neige par terre.
Vers 11h30, bingo, rencontre avec le convoi face à nous, Echange rapide, bises, ciao. Marie Anne est arrivée à 4 h du mat (j'ai des frissons) à DDU, sanglée dans un zodiac et embarquée sur l'Astro, 
Tôôôt tôôôt, en route vers le mal de mer et la barrière de pack. Efficace et courageuse, la fille là.


Minuit, les engins installés en rond autour de la centrale énergie, comme les chariots des pionniers américains autour du feu de camp, un bout de gratin tiède, le "coucher-lever" du soleil et dodo, dans un vrai lieu de vie: une caravane infirmerie pour moi tout seul, un duvet et un radiateur.







Au lever, toute autre histoire: white out, jour blanc, vent furieux et neige fraîche partout. A ma naïve question: on va être coincés combien de temps, un grand éclat de rire!  
Mais, doc, on part dans 10 minutes...


Et c'est parti, 8 à 9 km/ h, moi passager du Kassbohrer, suivant le train de cuves vides à 3 mètres. 10 cuves au total, un train de 120 mêtres! Tout est impressionnant: les machines pèsent 12 tonnes, les moteurs font 450 chevaux, le reservoir est de 1000 l de gas oil, le plein est refait tous les soirs. La première vidange, à 100 kms, passe 63 litres d'huile. 
A cette vitesse, 12 heures de conduite par jour permettent de parcourir les 1100 kms de trajet entre DDU et Concordia en 10 jours.



Sans compter les pannes, les ruptures, les glissades, et même parfois, le ski de traineau dans la crevasse.



Tout cela dans un mauvais temps à ne pas mettre un pingouin dehors.



On a fini par arriver le soir, juste à l'heure de l'apéro, pendant que la tempête faisait rage. Au lever (radiateur, sac de couchage) les engins étaient bien recouverts de neige.
La tempête a duré 3 jours, je suis resté coincé à Prudhomme , en tenue polaire, une brosse à dents, rien pour me changer....

N'empêche, c'était chouette! Je reviendrais.




dimanche 2 décembre 2012

Découverte

Voilà ce qui a été découvert récemment par une pingouine qui n'est pas chez les manchots mais sur les internets ! 

On fait un petit coucou au Bilboquet magazine et on hésite pas à aller y faire un tour ! 

Il parait qu'il sont sympa en plus !







vendredi 26 octobre 2012

La roue tourne


Le temps passe, les heures les jours, les mois, les saisons. Passe vite.
Ici tout reste blanc, blanc et bleu, mais surtout blanc. 

Ce qui change, c'est la vie. 

Tout l'hiver, nos seuls compagnons étaient les empereurs, personnalités placides, déambulant gravement. Une allure de Jean GABIN, traînant les pieds, les mains dans les poches. Notre rythme s'était calé sur le leur, tranquille tranquille. 
Un seul objectif : la perpétuation de l'espèce (pas tout à fait comme nous, mais bref), pas de territoire, pas d'immobilier, des groupes fluctuants.

Puis sont venus, pour accoucher, les phoques de Weddel. De grosses limaces bonasses avec le regard de Jean LEFEVRE, qui se posent au plus près de leur trou d'accès dans la banquise. Pas d'immobilier non plus et des relations sociales au niveau zéro (tout  à fait comme nous, mais bref).

Et voilà que l'été arrive, avec à nouveau des oiseaux dans le ciel, skuas, fulmars, damiers, petrels, peu nombreux pour le moment. Ils vont vite retrouver le cabanon familial, dont l'entrée est marquée depuis des générations par ... le vomi de petrel. Des petits propriétaires,  des personnages de Jacques TATI

Mais surtout l'arrivée des Adélies. Le premier, qui avait l'air vraiment perdu, genre: on avait bien dit vendredi, non? où qu'ils sont tous? je me suis trompé de mois ou quoi? Puis deux autres puis huit, puis cinquante, et tout à coup, il y a en a partout, qui nous rappellent que c'est nous qui sommes chez eux, et pas le contraire.
L'Adélie là, c'est DE FUNES, courant partout à toute berzingue, les "bras" en arrière,  empilant déjà les cailloux piqués au voisin pour créer le beau domaine qui accueillera la belle qui lui fera les beaux petits.

Du cinéma, de l'organisation sociale: sans doute la préparation à notre retour dans la vraie vie.

La roue tourne.



PS: Tu t'es fait du souci pour mon lobe: l'alerte est passée. Toi et moi pouvons donc dormir sur nos deux oreilles.






La nuit



Ca y est. honnêtement, nous sommes sortis de la nuit. Ca fait même un bon moment, mais dans nos têtes, dans la mienne en tout cas, c'est maintenant que ca se produit. Difficile à expliquer, à justifier, mais la nuit polaire traîne dans mon coeur, avec une saudade, un spleen. Une fainéantise, en somme.

Toujours est il que ça repart. Beaucoup de sorties, de pelle à neige, et la poursuite des visites de petits recoins de la station pas encore explorés.

Entre autres, SISMOMAGNE. 

Nous avons déjà visité la cave de sismo, avec le pendule de flipper qui mesure les tremblements de terre du monde entier. Mais l'ami Greg (appellons le Nono) ne fait pas que ça. 
Il fait MAGNE. Et c'est compliqué.

D'abord la zone des shelters MAGNE est une zone interdite à la ballade,  tu vas comprendre pourquoi, et le Nono, il n'aime pas voir de traces de pas dans SA neige!
Ensuite,c 'est un vrai truc de matheux. Du conceptuel et du calcul mental;  des grades et des microteslas.
En pratique, il s'agit de mesurer le champ magnétique, en puissance et en direction sur les trois axes. 

Ce champ est suivi depuis l'expédition de Dumont d'Urville . (le Nono de l'époque s'appelait Clément Adrien VINCEDON DUMOULIN, de Chevières à coté de Saint Marcellin pour mes amis dauphinois). Il est du aux mouvements du noyau métallique liquide des couches profondes de la Terre.
Mais il se déplace d'une quarantaine de kms par an: il était en 1840 là, derrière nous, sur le continent, s'est déplacé depuis en mer, devant DDU. C'est à dire que le Sud Magnétique est à notre Nord. 
C'est pas clair? C'est pourtant simple, le pôle sud magnétique est en fait le pôle nord de l'aimant constitué par la terre, mais il attire l'aiguille sud de la boussole.
Enfin de la boussole... Nos boussoles françaises sont réglée pour un Nord magnétique (le pôle sud de l'aimant terrestre, tu suis?) qui est au dessous de la surface de la terre. Du coup, l'aiguille nord de la dite boussole aurait tendance à "accrocher" son boitier, ce qui est compensé par un contre poids. Mais ici, dans l'hémisphère Sud, c'est le Sud magnétique (le pôle nord de l'aimant terrestre), qui attire l'aiguille sud de la boussole. Du coup le contrepoids est du mauvais coté et l'aiguille de la boussole se coince complètement. 
Heureusement tu comprends: puisque si elle ne coinçait pas, son aiguille sud pointerait le sud magnétique à notre nord géographique ce qui n'aide pas pour rentrer à la maison...

Donc, Nono mesure direction et puissance du champ magnétique. Ce champ est très faible, il n'y a pas de quoi tordre des petites cuillères. Si faible que toute pièce métallique à proximité des détecteurs les affole. Même la fermeture éclair de la veste, même l'oeillet du lacet du col du sweat à capuche. Ne parlons pas de l'appareil photo!!
Dans le shelter (on dit shelter, ça veut dire vieille cabane en bois), deux socles de béton, coulés solidement dans le rocher de l'ile.  Dessus une bête théodolite, qui sert à caler chaque jour les mesures par le relevé d'une cible solidement fixée elle aussi au rocher de l'île, 200 mètres de là.
Le théodolite, la cible: on a deux points: on a une droite. Il ne reste plus qu'à mesurer la valeur du magnétisme sur cette droite, dans un sens puis dans l'autre, puis de décaler la mesure de 90° (100 grades) pour refaire la même mesure sur un second puis sur un troisième axe.
Bien sur, c'est en pratique un peu plus compliqué.
Et Nono refait cela chaque jour, pendant un an, pour la science, pour nous tous.  Chapeau Nono.

Ce jour là, la mesure a foiré. Des valeurs hors capacité de mesure de l'appareil. 
J'ai vidé toutes mes poches, oté mes chaussures. Pareil. C'est pas mes biceps en acier, c'est pas l'épingle de nourrice qui renforce le velcro de mes bretelles.
On a laissé tombé.

Mais quand la nuit est tombée, on avait une magnifique aurore australe.

C'est bien la nuit, tout de même!













mardi 25 septembre 2012

Et pendant ce temps là, les manchots ...


"Ton oreille, doc!!", me dit elle du ton angoissant du lieutenant RIPLEY.

Pourtant je m'étais bien couvert, comme ma maman me l'avait dit: les sous couches, la petite laine de Nouvelle Zélande, le tour de cou, les moufles, le bonnet. 
Seulement marcher en parlant, c'est quelque chose, et écouter en marchant, c'est autre chose. Du coup, j'ai un peu relevé le bord du bonnet, justement sur l'oreille gauche, du coté d'où elle me parlait du vent qui est en train de se lever, que c'est trop beau, mais que c'est vraiment froid.
Je n'ai rien senti. Exactement comme je leur avais expliqué pendant le cours de secourisme: "le problème de la gelure c'est que son premier signe est une anesthésie qui vous empêchera de ressentir quoique ce soit, jusqu'à ce qu'il soit trop tard". Je les avais donc encouragés à se surveiller les uns les autres pour détecter le rouge puis le blanc signant la gelure. Là, c'était blanc. Et sous mes doigts juste sortis de la moufle, le lobe de mon oreille était vraiment glacé. Et dur comme une bille. 
Gloups.
J'ai vaguement réchauffé la bille sous le creux de ma main, puis rabattu le bonnet, et rajouté la cagoule de l'anorack, m'enfermant dans un tiède silence.
On n'a plus pu causer.
Le vent a continué à se lever, comme prévu, de faible à modéré. C'était bien beau, c'était bien froid, j'étais au chaud.

Ca repousse, le lobe de l'oreille?